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Faut-il croire au Père Noël ?
On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre (et le sourire de la
crémière !).
Les facilités de la vie moderne dont on salue toujours l’arrivée
avec joie ont un prix, élevé, en argent et en liberté.
Naviguer avec son bateau est plus facile aujourd’hui, et plus sûr
qu’il y a quelques décennies. Le GPS est d’usage immédiat,
sans entraînement, il peut même barrer à votre place !
Alors que naviguer au sextant nécessite un gros entraînement,
des calculs, et n’est pas faisable si l’horizon n’est pas
net. La radio s’est généralisée, on capte les cartes
météo en pleine mer, on vous suit avec des balises, etc.
Mais, en même temps, ces aides sont passées d’utiles à obligatoires.
Le matériel de sécurité réglementaire représente
actuellement une grosse part du budget bateau. L’assurance rassure, mais
elle est chère, et son obligation se généralise. Beaucoup
de bateaux le long des côtes, cela a fait naître des marinas qui
se sont emparées des meilleurs mouillages naturels. Et, si l’on
peut se réjouir de trouver sur leur quai eau douce, électricité,
voire prise télévision et connexion Internet, on paye cher ce
service. Karrek Ven s’est vu demander une fois 200 $ pour une seule nuit !

En plus, il est difficile de trouver encore à l’escale de quoi
refaire la caisse de bord, le travail est devenu chasse gardée et réglementée,
Bref, Bernard Moitessier, le chantre de la vie sur l’eau qui, dans les
années 70, entraîna dans son sillage des centaines de personnes,
n’aurait pas, aujourd’hui, les moyens financiers d’appareiller.
Et, l’eût-il tenté qu’il se fût trouvé hors
la loi et sanctionné en conséquence. Les bateaux sont contrôlés
jusqu’en pleine mer, et des gendarmes patrouillent sous l’eau pour
vérifier l’équipement des plongeurs !
Par ailleurs, si les salaires ont augmenté et que le confort domestique
s’en est accru, les endettements aussi. Il n’est alors plus grand
monde disponible pour l’aventure. On peut encore se permettre de la courir,
mais payé. La population qui, en cette saison des alizés, se
lance à la voile à travers l’Atlantique, n’a plus
30 ans. Elle est surtout formée de couples à la retraite.
On a voulu le confort, la sécurité, on les a nettement plus qu’autrefois.
Mais on ne peut plus partir…
Karrek Ven est à l’arrêt dans son projet pour ces raisons.
On a le beurre, mais plus l’argent du beurre (et peut-être plus,
même, le sourire de la crémière !).
Qui peut se permettre de décrocher du quotidien pour 6 mois ou même
davantage, en finançant son séjour, directement et par son travail à bord ?
Et du petit nombre qui pourrait, peu oseront. Confort, sécurité,
le beurre, c’est bon, mais il nous englue.
Le financement d’un tel bateau est devenu très gros : deux
salaires (faut un capitaine, patenté, et un matelot), une assurance,
le coût de maintien à jour du matériel de sécurité,
le prix des chantiers où l’équipage n’a plus guère
le droit de travailler lui-même à l’entretien, au carénage,
le prix des quais pour venir se ravitailler, le séjour même, de
plus en plus souvent taxé par personne (l’air respiré :
la « taxe verte » ! Toute la Caraïbe s’y met,
les fameuses îles Cocos, les Galápagos, en sont devenues inabordables
pour nos budgets).
Nous avons étudié plusieurs alternatives à celle que nous
proposons. Toutes se heurtent à ce mur financier, qu’avec ce bateau,
on ne peut passer que si l’on rentre aussi « dans le business ».
Les projets Karrek Ven ne seraient plus de leur temps ?
Il a quitté la pêche pour inadaptation (la voile) aux nouvelles
conditions.
La formation d’adolescents à bord paraissait un accroc dans un
cursus scolaire qui se doit d’être linéaire. Elle s’arrêta
aussi.
A peine commencée, sa 3e vie qui prétend ressourcer des adultes,
ouvrir les yeux sur d’autres points de vue du monde, va-t-elle devoir
se modifier ? Ce coquin rebelle viendra-t-il enfin prendre la place que
notre société réserve à ce type de navire, promenades écologiques
ou patrimoine à la journée pour enfants des écoles, ou
stages navigation de deux semaines, l’été, pour jeunes
gens désireux de goûter à la vieille marine ?
Nous disions la semaine dernière que Karrek Ven devait garder sa spécificité.
Certes, mais sans plus de ressources…
Si le père Noël de Karrek Ven apportait dans sa hotte un équipage
entier, ce serait la fête ! Mais s’il avait une équipe
de gestion qui puisse reprendre en charge ce bâtiment, ce serait Byzance !
Une équipe qui en veuille, qui sache tenir compte des contingences actuelles
sans renoncer à l’aventure, frapper aux bonnes portes, établir
des conditions de fonctionnement intéressantes pour ce navire peu ordinaire,
et pour des candidats équipiers…
On ne saura pas avant la mi-janvier le contenu de la hotte : le Webmaster
prend le large jusque-là.
Que vos fêtes soient belles (pas trop de beurre dans les gâteaux !),
et que le Nouvel An comble vos vœux !
Si ce n'est déjà fait vous pouvez aussi soutenir l'action
de la Société des Amis et Marins du Karrek Ven en devenant membre
de la SamKV ou en faisant
un virement direct au bateau (demander le
rib).
Nouveau, pour échanger
sur le projet du bateau >>> Forum
du Karrek-Ven
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