Journal illustré
de la restauration

19 septembre 2003
- n°4 -

 

 

La révélation des fonds (suite)

Des extrêmes opposés...

L'équipe de tribordais s'est attaquée à l'arrière de Karrek Ven. Là, c'est dur ! Les planches sont en bon état, vieux chêne bien serré. Il faut entailler ces bordés au ciseau (une machine y a laissé les dents...), par fragments, et tailler autour des clous pour pouvoir la retirer : aucun pied de la plus grosse biche, même, n'en vient à bout.
Ensuite, on glisse de solides coins d'amaranthe, un bois très dur, de belle couleur violette. Et la planche finit par céder. Les membrures alors disent si elles sont bonnes ou pas, mais il faut encore enlever le ciment entre elles pour y voir vraiment clair.

 

 

Histoire béton (suite encore)


Nous avons reçu ce texte intéressant de Jean-Pierre Drévillon, fils d'un des anciens armateurs/pêcheurs de Karrek Ven.
"Je viens de me renseigner auprès de mon père sur la présence du ciment en fond de cale du KV. C'est une technique utilisée sur tous les bateaux construits dans ce secteur : les avantages sont multiples :
- Faire du lest
- Protéger les membrures
- Faciliter l'entretien
Le ciment était utilisé dans le poste avant et/ou le poste arrière mais jamais dans la salle des machines." Ce béton devient donc un élément des techniques anciennes à protéger.

C'est un béton très dur, coulé avec du bon granit breton... En plus, il est souvent armé de grillage ou traversé de boulons. Les ouvriers peinent ! Les blocs retirés entiers font des envieux, qui se voient déjà construire des maisons avec. Les Bretons qui le coulèrent n'imaginaient pas cette destinée, 60 années plus tard !

 

Tempête de sable sur le chantier


Durant la nuit, des "sableurs" sont venus projeter du sable sur la coque du bateau voisin, afin de le nettoyer. Le tuyau crache le sable avec de l'air comprimé qui fuse en sifflant de façon assourdissante, tandis que les éclats de silice, transformés en poussière, partent avec le vent.

Karrek Ven est dans le brouillard complet. Toute la nuit, l'énorme générateur rugit, la lance crache son sable. Au matin, rien n'échappe à la poussière.

 

On ne peut même plus lire l'heure de la montre posée à coté de soi... lors d'une tentative pour dormir ! Un rempart de coussins, de tentes, n'y a presque rien fait.
Cela se répétera quatre nuits de suite. Vive le bois ! "C'est un matériau plus proche de l'homme que le métal", dit Aldo, notre charpentier.

 

A l'autre bout, l'étrave

Contrairement à l'arrière, l'avant est fortement attaqué. Des membrures même ont disparu en pourriture ! Par ce trou, on aperçoit le brion d'étrave, cette grosse pièce normalement forte qui lie l'étrave à la quille. Il faudra la changer totalement. Si les extrêmes diffèrent tant, c'est que l'arrière a été protégé à la fois par des fuites d'huile ou de gazole du moteur, et par le ciment. A l'avant, rien de tel...

Le point

 


Le bois est coupé. Il ne reste qu'à aller le chercher à la scierie, ce qui devrait se faire dans le week-end. Nous changerons alors une membrure sur deux ou trois, afin de consolider le bateau, d'éviter qu'il ne se déforme. C'est le programme des jours à venir.

Consulter les journaux précédents: n°1- n°2 - n°3

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