La voute arrière, élégante et mystérieuse

La plongée sur l'arrière se poursuit. Les découvertes se succèdent.
Qui, montant à bord du bateau, se soucie de cette partie ? Les pêcheurs
y avaient installé leur "carré", une grande table, des couchettes et des
placards. Mais ensuite cet endroit était devenu zone de rangement: voiles,
poulies, cordages, tuyaux, étoupe, brai, vieilles pompes, etc., et réservoirs-graisseurs
du gouvernail et de l'hélice.
On y allait, on se servait, ou bien on donnait un tour de vis aux graisseurs,
et l'on en repartait, plié en deux faute de hauteur.
La partie résidentielle c'était le grand carré, l'ancienne cale à poissons.
Et soudain, ce compartiment arrière se révèle ! Bien différent du
reste de la coque, une demie "soucoupe plongeante"...
Des varangues ailées

Contrairement à ce qui se passe sur la quille où les varangues, trapues,
sont encastrées, ici ces pièces de liaison entre les deux côtés, étendent
des ailes de plus de deux mètres d'envergure, à cheval sur l'allonge de
voûte.
Elles se complètent vers le bas par deux triangles enserrant la pièce
centrale. Ces deux "ailes", prolongées par des membrures très courbes,
et cet ensemble remontant vers l'arrière avec l'allonge de voûte, déterminent
cette demi-soucoupe.
On voit sur la photo ci-dessus le tube noir vertical, passage de la mèche
de gouvernail, une serre tribord qui s'arrête à ce niveau, et les serres
bauquières au-dessus qui continuent jusqu'au fond.
En premier plan, la cheville, rongée, d'une varangue retirée. L'allonge
de voûte est fendue à cet endroit sur un mètre, mais pas assez profondément
pour devoir être changée. Elle sera simplement réparée.

Une vue depuis un échafaudage à l'extérieur tribord. La varangue est
taillée en biseau pour recevoir le second élément de membrure, parallèle
à celui qu'on voit déjà en place.
Chevillage

Juan et Louis font des repères précis avant de poser la varangue, afin
d'y percer le passage de la longue cheville. C'est une opération délicate
car on ne reperce pas l'allonge de voûte pour ne pas l'affaiblir: les
trous des anciennes chevilles sont réutilisés. Ceux de la nouvelle varangue
doivent donc les prolonger, avec la même inclinaison dans les deux plans.
Nous n'avons pas trouvé de barre lisse galvanisée pour fabriquer de nouvelles
chevilles. Un atelier artisanal s'est offert pour galvaniser le fer doux
que nous lui amenions (se galvanise mieux et rouille moins), mais il l'a
en fait étamé !
Ces chevilles à l'étain nous ont laissés perplexes.
Cependant, des informations recueillies auprès de vieux artisans du fer
et de sites Internet donnent cette protection comme meilleure que celle
du zinc (galvanisation), l'étain étant moins sensible à la corrosion.
Par contre, le danger résiderait dans les microfissures possibles, la
pièce étant alors attaquée sauvagement par la corrosion... Tout n'est
donc que compromis. Le zinc (galvanisation) protège tant qu'il n'est pas
détruit par la corrosion. Et l'acier inoxydable offre les mêmes risques
que l'étain, tout en n'étant pas plus que le zinc protégé de l'électrolyse !
Des membrures élégantes
Elles montent à l'assaut du pont, avec d'abord une belle courbe concave,
immédiatement suivie d'une convexe.

Louis apporte un des triangles des varangues. Dans la lumière chaude
du matin, les varangues, les nouvelles et les vieilles encore en place,
grimpent vers la voûte, sur l'échine de la courbe d'étambot.
Derrière elles se trouve l'arbre de l'hélice.

Par l'ouverture actuellement béante de l'arrière, on aperçoit une vieille
varangue et une vieille membrure encore en place, du poste arrière.
Remarquer les courbes étonnantes de ces pièces.

Nous ne parvenons pas à recruter de nouveaux charpentiers : ils
viennent au bateau, regardent, et repartent, effrayés par la taille de
ces pièces, n'ayant aucune envie de les manipuler, ni pour les façonner
comme César et Junior, ni pour les poser comme le font Juan et Louis,
à plusieurs mètres de hauteur.
Le point
L'arrière a notablement progressé, cette semaine.
Il fallait un temps d'adaptation à ce nouveau style de varangues et membrures,
et à leur pose délicate. Néanmoins, nous demeurons toujours sans renfort
de main d'oeuvre.
Le site internet de Karrek Ven est en cours de mise à jour, en particulier
pour ce qui est des renforts espérés pour reconditionner le matériel du
bateau et, un peu plus tard pour refaire l'intérieur, les circuits de
fluides et d'électricité, etc.
On y fait également des propositions pour les expéditions
futures, et l'on répond aux candidats ("courrier").
Les finances sont toujours une épée de Damoclès, aucun gros apport n'étant
plus intervenu depuis un moment. On joue serré depuis la mi-décembre.
Et deux nouveaux achats de bois se profilent pour bientôt : l'étrave,
et de nouvelles membrures et serres. Les associations qui appuient la
restauration se sont mises en campagne, mais elles ne sont qu'un relais
et un stimulateur pour les individus qui demeurent les acteurs premiers.
Voir ou revoir la page "financement"
du site.

Deux dons inattendus cette semaine (une Petite Brise et une Légère Brise)
sauvent la courbe verte du baiser fatal de la rouge...
Ce sont les bonnes surprises de la consultation du compte sur Internet !
Merci, bien sûr à ces donateurs qui devraient rejoindre ainsi le groupe
des récipiendaires de ce Journal dès sa parution, et se voir invités à
leur tour comme tous les donateurs à une croisière de remerciement une
fois terminée la restauration de Karrek Ven. Mais il nous faudrait savoir
qui ils sont...
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