Journal
illustré
de la restauration
9 octobre 2003 - n°7 -
Un nouvel arrivage de bois
Les huit membrures à présent posées ont absorbé les 4 m3 de bois achetés précédemment. Il a fallu faire un nouveau voyage à l'intérieur des terres, à la scierie "El Paradero".
Le bois nouveau
Encore 2 m3 de courbaril pour de nouvelles membrures, mais
cette fois d'autres bois ont aussi été achetés :
des plateaux de 5 cm d'épaisseur pour commencer à border
la coque (lui remettre une peau sur les côtes), et d'autres de 7
et de 13 cm pour les renforts intérieurs longitudinaux reliant
toutes les membrures entre elles, les "serres". Soit un total
de 6m3 (le précédent voyage c'était 4m3
).
Le déchargement à la main de ces plateaux dont certains
atteignent 400 kg n'est pas une opération aisée ! C'est,
pour les plus épais, de l'ébène vert, plus lourd
que le courbaril.
Juan, Manuel et Junior, aidés d'un voisin, s'emparent de l'extrémité d'une de ces pièces tandis qu'à l'autre bout un autre groupe de quatre dirige le plateau vers l'abri de la coque d'un bateau.
Ballade des membres
Qu'on les regarde de l'intérieur ou de l'extérieur, ces membres évoquent la puissance, la robustesse, la beauté des courbes, l'harmonie de l'ensemble.
Karrek Ven va pouvoir sans crainte affronter les mers... et les baleines
endormies sur sa route. Il est triste pourtant de se séparer des
vieilles membrures. Elles ont le charme, la poésie des vieux monuments
rongés et patinés par le temps. Nous en conserverons une
dans le bateau à titre de témoin (accrochée comme
un souvenir sur une paroi). Karrek Ven avait déjà ainsi
dans son "carré" une côte d'un gros baleineau...
A l'arrière du bateau, ces pièces ont moins souffert.
Elles se sont trouvées protégées par le ciment des
fonds (lest) qui remonte très haut en cet endroit, et par 60 années
de suitements d'huile du moteur diesel.
On a peint les parties à conserver pour ne pas qu'elles se fendent
à l'air, et l'on plante des chevilles pour boucher les trous des
anciens clous.
Où en est la vie à bord ?
Ralentie, certes, et pas facile, mais cette aventure exceptionnelle est passionnante. Les deux ou trois personnes en permanence à bord ont réussi jusqu'à présent à sauvegarder l'usage de la cuisinière et du frigo (trimballés au gré des restaurations en cours), et pont et timonerie restent à peu près utilisables, en particulier pour dormir et accueillir les amis. Radio, ordinateur, marchent toujours, ce qui permet la rédaction de ce journal.
Marion est venue quelques semaines étudier les choses de plus près afin d'aider à la suite du projet. Elle a mis à jour le site en espagnol et traduit les journaux de la restauration. Manuel s'est occupé des mises en cartons et en caisses de tout ce que contenait Karrek Ven, et prépare les interventions des ouvriers, retirant meubles et cloisons au fur et à mesure de leur progression. Léo veille à l'ensemble, s'occupe des approvisionnements en matériaux, des relations avec le chantier et avec l'extérieur, discute des décisions à prendre avec Aldo, le maître charpentier, conseillé par plusieurs anciens marins de Karrek Ven aujourd'hui à terre. Intense réseau d'informations par échanges quotidiens via Internet.
Le point
Huit couples sont maintenant en place.
Les serres les reliant à l'intérieur vont être à présent confectionnées et posées. Karrek Ven aura ainsi sous peu retrouvé une bonne rigidité dans sa partie centrale. Les risques de déformation s'en trouveront réduits, et il pourra supporter le changement de place sur le chantier, qui le guette. Pas de dons au Karrekvenéthon cette semaine. Le site Internet est pourtant de plus en plus visité, en particulier ce journal. Ne nous oubliez pas ! Près de 4 000 €uros viennent de partir dans ces nouveaux bois et 3000 dollar$ suivent derrière pour les clous ! C'est vous qui faites que la fête continue et que chaque jour Karrek Ven renaît un petit peu plus.
