Journal
illustré
de la restauration
23 janvier 2004- n°22 -
Y a-t-il encore beaucoup à faire ?
Il est encourageant de faire le bilan de ce qui a été réalisé, mais pour
bien naviguer, il faut regarder aussi devant soi.
Que reste-t-il à faire pour que renaîsse cette jolie coque ?
L'arrière
Les 3/4 de la moitié arrière du bateau sont encore à changer : terminer les membrures et les varangues, poser à l'intérieur les serres, et changer la partie haute de l'allonge de voûte.
D'énormes fragments de béton de parfois un mètre de long ont été retirés
de la voûte. 3 tonnes en tout !
Karrek, débarrassé de ce poids inutile, va remonter de l'arrière, retrouver
ses lignes d'origines, un moindre tirant d'eau, d'où une meilleure progression.
La quille
Le lest de fonte (1) va être déposé, pour changement des boulons qui
le tiennent et vérification de l'état de la quille (2) par-dessous. C'est
l'endroit préféré des terribles tarets, ces vers munis d'un trépan sur
le nez.
Il faut, pour cela, défaire ces boulons (3), un chaque mètre. Puis les
anciennes varangues seront détruites, afin de changer les grosses chevilles
à bout perdu (4) qui amarrent la quille à ces varangues.
Un boulon particulier (5) maintient une extrémité de l'assemblage par
trait de Jupiter qui unit les deux parties avant et arrière de la quille
(on distingue ce trait de Jupiter comme une ligne oblique, foncée).
La râblure de quille (1) demande à être reprise. Certains endroits sont
abîmés, et les nouvelles membrures comme les varangues (3) qui seront
refaites ne doivent pas empiéter dessus.
C'est un travail long et délicat, de bon professionnel. De la perfection
de ce travail dépend l'étanchéité du bateau à ce niveau. Notons qu'il
faudra faire aussi une râblure à la nouvelle étrave, et à la partie refaite
de l'allonge de voûte.
Le parage
Comme la râblure de quille, les membrures doivent "filer à l'oeil"
parfaitement, c'est à dire être toutes au même niveau, pour que les planches
du bordage soient bien appliquées à chacune d'elle.
C'est le "parage", opération délicate. La pureté de lignes de la coque
en dépend. Cela se faisait autrefois à l'herminette. Le rabot électrique
l'a remplacée.
L'avant
Il faut tout y changer : les membrures, les varangues, l'étrave (1) et la courbe d'étrave ou "marsouin" (2), qui la maintient à la quille. Nous attendons toujours une grande pièce courbe où tailler cette étrave. Les fêtes de Noël ont interrompu cette recherche. Il y aura aussi, comme pour l'arrière, les serres à poser à l'intérieur.
Le pont
La moitié du pont (l'avant) est à reconstruire, ainsi que les barrots
(poutres) qui le soutiennent.
Le plat-bord (sur le côté) demande quelques réparations.
La lisse de pavois (le dessus du bastingage) est à changer entièrement.
La prochaine sera peinte en blanc : le vert n'assure pas au bois
exposé ainsi au soleil une isolation thermique suffisante.
Cette lisse, qui n'a que 16 ans, est toute fissurée. Et, bien sûr, quand
tout cela sera reconstruit, nous pourrons border la coque, la calfater,
la peindre, et la remettre à l'eau aux bons soins des esprits de l'Océan.
Le point
Il est fait ci-dessus !
Nous sommes toujours désespérément à la recherche de charpentiers de marine
supplémentaires pour accélérer la réalisation de tous ces travaux.
Financièrement, le petit courant de rentrées continue mais de nouveau
la courbe des dons se fait rattraper par celle des dépenses.
Les promesses d'avant Noël ne sont pas encore réalisées.
Nous espérons toujours la bonne nouvelle d'un apport important.
Merci à l'unique donatrice ou donateur de cette semaine ! (Nous aimerions
savoir qui c'est...).
Les dépenses ont été heureusement plus modestes que prévues. Nous avons
finalement décidé de nous en tenir au fer galvanisé pour les 44 grosses
chevilles des varangues.
C'est 6 fois moins cher que l'acier inoxydable qui, de toutes manières,
se corrode autant avec l'électrolyse.
Le bon état des vieilles chevilles galvanisées après 60 ans, nous a fait
pencher pour ce choix.
Nous avons acheté des barres de fer que nous avons coupées et faisons
galvaniser artisanalement, surveillant bien le processus que nous relaterons
ici car il est intéressant à connaître.
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