Journal illustré
de la restauration

9 janvier 2004
- n°20 -

 

 

 

Faire l'arrière...
pour aller de l'avant !

Un demi bateau

Les photos de la belle série de membrures déjà installées plus en avant pouvaient être trompeuses. On aurait pu penser le travail presque fini.

Eh bien, non !
La partie arrière représente la même longueur à traiter. Seule une membrure est posée pour le moment, mais les autres sont taillées, attendant la pose des nouvelles varangues pour s'installer.
Les varangues aussi sont prêtes, mais attendent les nouveaux boulons de quille.
Or, Noël au Venezuela est le mois des marchands de pétards mais pas celui des fournitures industrielles : la plupart des magasins sont fermés, certains pendant 3 semaines.
On ne trouve pas la barre lisse d'un pouce nécessaire à fabriquer les longues chevilles de l'arrière, qui fixeront les varangues, où se fixeront les membrures...
En attendant, donc, nous nous occupons de la suite.

Le bordé de l'arrière est retiré à son tour afin de révéler cette zone jusqu'ici cachée. Pas de surprise, les membrures y sont aussi abîmées qu'ailleurs. La crainte était l'état de l'allonge de voûte, l'équivalent de l'étrave, mais à l'arrière. (cf croquis du Journal n°18). Elle est attaquée, mais seulement dans sa partie haute, pas trop dure à changer.
La partie délicate, traversée par la mèche de gouvernail et l'arbre d'hélice, est bonne.

Pour travailler à l'aise, un segment de l'arbre d'hélice est retiré, et l'on profite de cet espace pour traiter la zone de l'arrière du moteur.
1 - Arrière du moteur, repeint.
2 - Support métallique de cet arrière. Refait à neuf et peint.
3 - Début de la carlingue, cette pièce de bois comme une quille intérieure, posée sur les varangues.
4 - Fin de la courbe d'étambot. Elle croise le début de la carlingue, qui lui succède.
5 - Varangue (supportant la carlingue et posée sur la courbe d'étambot), et élément babord de sa membrure (l'avant du bateau est sur la droite).
6 - Entaille pour l'autre varangue et membrure. Toute la partie sous la carlingue est normalement cimentée pour former une cuve pour les ruissellements, sauf à gauche de la varangue absente qui forme un puisard.
C'est la partie la plus basse de la cale (sur cette image, le bateau, posé à terre, n'est pas comme il est en mer : il penche fortement vers l'avant).

La tige est là !

On a signalé l'arrivée de tiges pour faire les chevilles qui unissent les varangues à la quille ! Leur pose va pouvoir commencer. On profite encore de leur absence pour dégripper les vieux boulons maintenant le lest, qu'on retirera plus tard. Un coup de chalumeau, le boulon chauffé à rouge se défait ensuite facilement. De l'intérêt d'un soudeur pour un bateau en bois...

Ca y est, la première varangue est à poste. On l'a perforée en son centre. Dans le prolongement de ce trou, une mèche rallongée (merci, soudeur !) a percé la courbe d'étambot (l'ancien trou, fortement décentré, n'a pas été réutilisé. Il a été bouché avec une longue cheville de bois (voir photo précédente).
Juan, serré dans cet espace réduit, donne de grands coups de marteau sur cette grosse et longue cheville de fer galvanisé.
L'état relativement bon des vieilles chevilles après 60 ans de service nous a fait retenir le même métal : seule l'électrolyse attaquant ces chevilles (pas de rouille), l'inox n'est pas justifié (il est aussi sensible à l'électrolyse).
Il faut, hélas, nous contenter de barre filetée galvanisée pour le moment. C'est un peu moins bon pour ce travail que la tige lisse, qui n'arrive toujours pas en magasin. On la protège avec beaucoup de peinture. Nous utilisons une peinture à base de résine alkyde contenant du minium de plomb. On ne trouve plus de peinture à l'huile de lin, préférable pour le bois car elle pénètre mieux etsèche moins vite.
Néanmoins, les propriétés de la résine alkyde, faite à partir de plantes comme les cacahuètes ou le coton, lui permettent de facilement se mélanger à l'huile de lin (ce que nous faisons pour peindre les bois), et au mastic à base d'huile de lin.

César est heureux, il va pouvoir poser ses nouvelles membrures. Les courbes de l'arrière sont telles qu'il en arrive à faire de la sculpture. Ce sont des dauphins bondissants que nous fabrique notre maître charpentier !

Le point

20ème numéro ! 160 illustrations déjà sur cette restauration!
Si des curiosités ne sont pas satisfaites, qu'elles se manifestent, nous tâcherons d'y répondre.
L'arrière du bateau continue à se dégager, prélude à sa rénovation. Cela nous a permis de découvrir une petite membrure tout à l'arrière, qui n'apparaît pas sur le croquis du n°10. Cet arrière est, dans l'ensemble, moins abîmé que l'avant, préservé par du béton qui monte plus haut, par les fuites d'huile et de gazole du moteur, aussi. Toutes les membrures y sont quand même à changer, ainsi que la plupart des varangues. Ceci effectué nous y construirons les renforts intérieurs, les serres.
Ce sera alors le tour de l'avant, avec sa nouvelle étrave. Mais nous n'y sommes pas encore !
Nouveau coup dur pour la restauration ? Il semble que nous allions perdre notre excellent collaborateur à bord, tenté par le chant de sirènes cherchant à l'entraîner sous d'autres cieux...
Nous voulions renforcer l'équipe de charpentiers pour gagner du temps. Il nous faudrait donc aussi, et d'urgence, renforcer celle qui s'occupe du bateau et le prépare à pouvoir prendre la mer le jour où la coque sera finie (révision des moteurs, de l'outillage, des voiles, du gréement, de l'équipement général, etc).
S'il y a des candidats... qu'ils n'hésitent pas à nous contacter.

Les dons reprennent, on commence à surmonter la crise de Noël...
Merci aux donateurs de cette semaine, et aux nouveaux auteurs de promesses.
Que ceux de 2003 n'oublient pas leur promesse avec cette nouvelle année !
Les dépenses on été modestes cette semaine. Pas de grosses factures à l'horizon de la semaine prochaine non plus.
Profitons-en pour regarnir la caisse ! Une nouvelle estimation financière, se basant sur les dépenses faites à ce jour, donc assez précise, est en cours. Elle sera publiée très prochainement dans la page "Nouvelles du bord" du site : il faudrait encore environ 50000 €uros pour terminer la coque et pouvoir retourner à l'eau. C'est très faisable mais, une fois de plus, demande tous les concours !

Comment faire concrètement ? Cliquer ICI...


Consulter les journaux précédents:
n°1- n°2 - n°3 - n°4 - n°5 - n°6 - n°7 - n°8- n°9- n°10
n°11- n°12- n°13- n°14- n°15 - n°16- n°17- n°18- n°19


Avez-vous des questions à poser sur ces travaux ? Envoyez votre message:


Aller à la page d'accueil du site.


Fermer cette fenêtre