L'histoire du Karrek Ven

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Des centaines de bateaux de pêche à voile sillonnaient les côtes atlantiques il y a seulement quelques décades. Il n'en reste pas grand chose.

L'histoire de Karrek Ven aurait pu s'arrêter dans quelque vasière, il aurait pu être brûlé sur une plage, comme les autres. Mais son destin, lui faisant dépasser ses premières fonctions, allait lui faire connaître d'autres expériences, et l'amener bien loin, puisqu'aujourd'hui, loin de l'abandonner, on le restaure ! Et pas pour parader dans les limites d'un quai ou d'une baie, mais pour continuer à faire ce qu'il a fait jusqu'à ce jour : voguer vers des terres lointaines.

C'est un bon bateau, beau, et sympathique à tous ceux qui l'approchent. Les jeunes qui ont navigué à son bord en mettent de grandes photos dans leur chambre...

Une société des Amis et Marins du Karrek Ven se constitue, chargée de retrouver sa mémoire. En voici les temps forts.

  


Quelques photos du Karrek Ven

     

A la pêche :

1943 : Pour aider au ravitaillement de la population en guerre, le chantier Quéré-Gonidec-Kersaudy de Tréboul (Douarnenez) construit un thonier mixte , le Pod Hervé (fils d'Hervé). Hervé Colin et son fils le conserveront pendant 12 ans.
Au gréement traditionnel de voilier, on a ajouté un moteur de 122 CV (modeste, pour 80 tonnes de bateau).
Le thonier en est plus rentable et va étendre sa saison de pêche sur toute l'année : thon aux Açores, sardines au Maroc et maquereau en Irlande.
Le thon est pêché à la ligne de traîne, séché sur le pont, salé et conservé en cale. Plus tard, la glace simplifiera la conservation. Les autres poissons sont pêchés au filet, avec un équipage porté à vingt.

1955 : Il est racheté par divers patrons et armateurs qui le feront naviguer jusqu'en 69 : Jean Quillivic, Drévillon, armateur de Morgat, et le dernier en date, Marcel le Bihan.
Il a changé de nom et, suite à une heureuse aventure, est devenu le "Karrek Ven".
La mécanisation s'est généralisée, Karrek Ven est le dernier à pêcher à la voile et, de ce fait, ne peut suivre les routes des autres pêcheurs équipés de moteurs beaucoup plus puissants.
Il est vendu au tourisme.

 


Une pause :

1969 : Le bateau subit alors des transformations. Les derniers pêcheurs avaient simplifié le gréement. On rétablit celui des origines. Cependant, afin de répondre aux goûts des terriens, un lest de béton et rails est coulé dans la cale pour rendre le pont plus horizontal, la timonerie est supprimée, une construction énorme abrite un escalier de descente monumental.
Le vieux moteur, encombrant, est remplacé par un moteur Baudouin plus petit de 1955, de 100CV.
Cependant, le bateau ne navigue pas. Divers projets avortent. Il est finalement amené dans une anse des Baléares pour cinq ans.


Le Karrek Ven à la formation des jeunes :


1980 : C'est à Majorque que le découvre un jeune anglais. Il en tombe amoureux. Avec un groupe d'amis, il décide de le sauver. Ils l'achètent en société à but non lucratif et le mettent à disposition de groupes partageant le même enthousiasme envers les vieux gréements, et désireux de l'utiliser pour la formation des jeunes.

Karrek Ven alors va naviguer pendant vingt deux ans dans le cadre des activités de l'association Jules Verne, école de l'aventure et de la promotion de l'initiative et de la responsabilité chez les jeunes.

Retour d'abord au berceau en Bretagne où il renoue avec son ancien équipage de pêche.
Puis les explorations commencent, avec un équipage d'une dizaine de jeunes adolescents et deux adultes : Méditerranée, mer Noire, mer Rouge, Iles Britanniques, Canaries, mer Caraïbe, Mexique, New York...

Les différents équipages de garçons et filles qui se succèdent à bord d'année en année s'appliquent à lui rendrr son aspect extérieur traditionnel, et naviguent à l'ancienne.
A l'intérieur, le bateau est doté d'ateliers de réparation (électricité, électronique, bois, mécanique), d'ordinateurs, utilisés pour des recherches historiques et archéologiques, pour le montage de reportages pour les télévisions (auto-financement partiel des activités). Solide bibliothèque générale et technique de 1600 ouvrages.

2002 : Les expéditions Jules Verne cessent leurs activités pour que se prépare la restauration complète du bateau.

 


Karrek Ven aujourd'hui :

2003 : La société propriétaire de Karrek Ven depuis 1980 le fait actuellement restaurer dans un chantier naval du Venezuela, grâce aux dons de particuliers, souvent des anciens équipiers, des amis du bateau et des supporters de ses activités.

En 2004 : Karrek Ven sera confié à une nouvelle association pour un projet de formation de jeunes gens basé sur la découverte de la beauté et de la diversité du monde.