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Cette vie, loin de nos concentrations urbaines
modernes, loin de la violence, de l’égoïsme,
de la médisance, certes propres à l’homme
mais bien florissantes dans les sociétés
d’abondance, permet d’éprouver la
paix, la coopération, la droiture, car on ne
peut tricher avec les autres membres de l’équipage,
eux-mêmes affrontés à la mer.
Elle permet aussi de sortir de la futilité, du
paraître, de la consommation, nous replongeant
dans la nature pour le meilleur et pour le pire, avec
ses rythmes et ses exigences. La cité s’efforce
de nous garder du froid, de la faim, des hasards malheureux,
mais en bateau, la protection vient de nous, de notre
aptitude à prévoir, à conserver
notre matériel en état, à demeurer
un groupe efficace et uni.
De jeunes adolescents ont entretenu et mené pratiquement
seuls ce bateau et conduit des expéditions avec
lui durant plus de vingt ans. Aujourd’hui, des
adultes, forcément plus marqués par leurs
habitudes citadines, leur confort, leur individualisme,
y parviendront-ils ? Sans doute, car la mer a vite fait
de nous montrer ses cartes et de nous apprendre les
règles du jeu. C’est en tous cas le pari
que nous faisons pour cette nouvelle et 3e vie du Karrek
Ven.
On peut rapidement apprendre à utiliser et à
faire jouer les muscles qui conviennent, se mettre à
la mécanique, à la réparation des
voiles, aux problèmes de navigation. Cela découle
d’une disposition d’esprit. Il faut avoir
confiance en soi, confiance dans les autres, et plonger
sans retenue dans l’aventure. |