Nous avons reçu deux intéressantes propositions d'expéditions pour Karrek Ven.
1/ Projet Amazonie
11 mars 2005
Sophie persiste et signe (voir son courrier " l'ethnologue
met les voiles ")
Je reste très intéressée par un embarquement dès
juin. En fait, on est trois : un espagnol étudiant en biologie, et deux
françaises une étudiante en langue qui fait actuellement un stage
au Venezuela [KV : voir ci-dessous, Judith] et moi, étudiante en ethnologie.
Nous sommes en train de travailler sur une expédition a la rencontre
des peuples de la forêt amazonienne et l'embarquement a bord du Karrek
Ven serait pour nous la meilleure façon de réaliser notre projet,
d'autant plus que nous sommes très attirés par la voile et la
vie que cela suppose.
Le but de cette expédition serait d'approfondir nos connaissances théoriques par une expérience de terrain en abordant, au travers de recherches ethnologiques et écologiques, aussi bien le problème de la déforestation, de la biodiversité, que les droits des autochtones, leurs traditions, leur rapport à la forêt.
On peut diviser le projet en 4 temps :
1) En France, constitution d'un groupe motivé par les mêmes finalités, trouver des partenariats, monter un dossier, chercher des sponsors, des fonds pour financer le projet, se documenter sur la réalité Amazonienne.
2) Ensuite, sur place, recherche scientifique sur deux thèmes principaux
:
· L'écosystème, sa richesse écologique et son exploitation
aujourd'hui.
· Les peuples de la forêt : culture et tradition, quel avenir ?
3) Puis, participation concrète à des actions de lutte contre la déforestation, ainsi que de sauvegarde du patrimoine culturel des populations locales à travers le soutien et l'aide à la concrétisation de micro-projets émanant des communautés rencontrées (par exemple : création de jardins, centre de transmission des savoirs, micro entreprises)
4) Enfin, conception de supports pédagogiques et/ou vidéo favorisant
la prise de conscience des jeunes et moins jeunes de l'enjeu, tant culturel
qu'écologique, que représente la préservation de la forêt
tropicale.
Favoriser ainsi une reconnaissance interculturelle et susciter un regain d'intérêt
pour la nature en France lors de journées de sensibilisation à
l'environnement dans les écoles ou autres.
KV :
Votre projet entre bien dans le "projet Karrek Ven". Nous verrons,
en juin, ce que nous choisirons de faire. Cela dépendra de plusieurs
impératifs, financiers, météorologiques, désirs
des autres participants, etc.
Votre vaste projet déborde largement votre séjour éventuel à bord. En effet, la forêt des Indiens et celle touchée par la déforestation, sont plutôt terrestres, brésiliennes, par exemple.
Néanmoins, un séjour à bord de Karrek Ven peut être
une bonne introduction. En effet, nous aurons sans doute l'occasion d'approcher
des groupes amérindiens, sur l'Orénoque ou en Caraïbe.
Sur l'Orénoque, les Waraos sont particulièrement en symbiose avec
le milieu sylvestre où ils évoluent et dont ils ont une connaissance
approfondie.
Le delta de l'Orénoque, où ils résident, n'est pas soumis
aux grandes déforestations de la forêt amazonienne, mais il en
a subi plusieurs petites et à présent est investi par les gens
du pétrole
ou touché par des actions de bonne volonté
souvent aussi dévastatrices de cultures traditionnelles.
Votre questionnement sur le futur de ces cultures est important, à
condition qu'il ne conduise pas à ce constat navrant : "Elles vont
disparaître, on n'y peut rien, c'est dans le sens de l'histoire."
Pourquoi vouloir protéger ces cultures ? Nous pouvons en fait autant
bénéficier du maintien de la biodiversité que du maintien
de la diversité des modes culturels, qui sont autant d'aspects à
découvrir de l'esprit humain et qui relativisent nos certitudes. Mais
est-ce aussi essentiel pour les Indiens ?
Le resurgissement, en Europe, des cultures locales, fournit des éléments
de réponse. Il est intéressant que vous songiez à clore
la boucle de votre expédition par une action en France, mais vous y laissez
tomber le volet "cultures". Pourquoi ?.
C'est donc a priori avec plaisir et intérêt que Karrek Ven vous accueillera. La bibliothèque du bord contient des écrits ethnologiques intéressants pour vous. Il y a même, si cela vous tente, une méthode d'apprentissage du Warao !
16 mars 2005
Judith, 21 ans, étudiante en traduction.
Je ne sais pas ce que je ferai " demain ", mais aujourd'hui je suis
persuadée que mon chemin passe par le " Karrek Ven", qu'il
n'y a pas de hasard dans la vie et que lorsqu'une si belle opportunité
s'offre à nous, on ne peut que la prendre à deux bras. [
]
Parce que nos rêves de gosses ne sont pas que des rêves si l'on
décide d'Agir, que j'ai deux jambes non pas pour me déplacer du
frigo au canapé, ou deux bras pour ouvrir un Coca, ou deux yeux pour
regarder la télévision d'un oeil morne et endormi, à attendre
que la vie défile, à n'être que spectateur. Non, j'ai deux
jambes pour courir et marcher à la découverte du monde, deux mains
utiles pour fabriquer de belles choses, des sons, des émotions et deux
yeux, précieux guide de chaque instant [...]
Bretonne de coeur et de sang, j'ai été baignée dès l'enfance par l'authenticité, la magie et les légendes de cette région, l'amour des beaux bateaux et du Grand Bleu, et mes balades estivales n'ont fait qu'accroître mon désir de prendre la Mer, d'apprendre à la connaître et ne pas seulement la toucher du bout des doigts.
J'étudie les langues pour le plaisir de voyager et de pouvoir communiquer
et échanger avec d'autres cultures.
Mes études m'ont déjà permis de vivre à long terme
à l'étranger, dont en Irlande où j'ai trouvé une
seconde famille.
Actuellement au Venezuela pour un stage de fin d'études de 6 mois qui
s'achève en Juillet, je traduis le site Web d'une ONG vénézuélienne
spécialisée dans les droits de l'homme (Provea).
Quel heureux hasard que le Karrek Ven se trouve en réparation ici même
!
Si j'avais un peu d'expérience en bateau, je me ferai un plaisir de vous
aider, mais en attendant, je peux toujours passer pour vous rencontrer.
KV : Oui, rencontrons-nous.
Nous avons fait quelques coupures dans ce long message passionné pour
qu'il tienne dans ce cadre, mais l'essentiel est là.
Il est toujours passionnant de rencontrer des passionnés. Tes voyages,
Judith, semblent indiquer que tu sais porter tes rêves et désirs
sur le plan pratique. Néanmoins la vie en bateau est spéciale,
tous ne la supportent pas et notre éducation citadine ne nous y prépare
guère. Si nous pouvons nous rencontrer sur le chantier de restauration
de Karrek Ven, tu pourras, tes antennes déployées, sentir un petit
peu de ce mode de vie et en discuter ensuite avec ton groupe d'aventure.
2/ Projet Cuba.
11 mars 2005
De Marion W, étudiante, à Londres, en gestion des sites archéologiques.
Marion, revenant d'un long séjour archéologique et ethnologique
au Mexique maya, a passé un mois sur Karrek Ven au début des travaux
de restauration.
J'ai parlé de Karrek Ven à des responsables d'un projet archéologique
(site Taino) qui se réalise entre Cuba et l'Institut d'archéologie
de mon université et ils sont très intéressés, d'autant
plus qu'ils projettent de prospecter plusieurs îles et d'y faire des fouilles.
Cela se passerait dans l'archipel jardines del Rey au nord de Cuba, constitué
de plus de 2500 îles.
Je vais de nouveau revoir les deux sous-directeurs la semaine prochaine. Ce
sont un Cubain et un Anglais.
KV : 2500 îles c'est beaucoup, il y a peut-être une faute
de frappe
ou bien sont dénombrés aussi les cailloux, sans
doute guère colonisés ! De toutes manières, il y a de quoi
explorer dans ces eaux coralliennes magnifiques. Karrek Ven connaissait déjà
les Jardins de la Reine, au sud de Cuba. Il serait ravi de découvrir
ceux du Roi